Etats d'âmes sur les supports musicaux

[pehache]

Au commencement était le vinyle (au mien, de commencement; je ne vais pas vous faire le coup de remonter au 78T et aux bobines de cire). Je n'en ai jamais eu une grosse collection, car d'une part je n'avais pas les moyens de multiplier les achats et d'autre part le CD est arrivé.

 

Donc le CD est arrivé, et j'ai acheté des CD.

 

Puis la musique dématérialisée est arrivée, et je n'ai pas acheté de musique dématérialisée (ha ha, je vous ai bien eu !).

 

Enfin, j'ai fini par y venir, mais assez tardivement et au compte-goutte. Un album par-ci par-là, mais je me suis rendu compte que c'était toujours des albums que j'aimais bienmais sans être totalement passionné non plus. Car sinon j'ai continué à acheter des CD, et à les ripper à l'ancienne.

 

J'ai aussi eu ma période "je télécharge comme un goret là où il ne faut pas" (je dirai 2 Ave et 3 Notre Père un de ces jours pour ça; enfin, dès que je serai baptisé), genre je n'en écoute pas la moitié après. Là déjà, je me suis rendu compte que je n'accordais pas plus de "valeur" à la musique dématérialisée achetée qu'à la musique téléchargée comme un goret.

 

Puis le streaming est arrivé. Et je me suis retrouvé à quasiment ne plus écouter ma bibliothèque numérique perso, au profit de deezer et cie (bon, pas pour tout non plus...). Et j'ai fini un peu par me dire "à quoi bon s'emmerder alors qu'on a des millions de morceaux dispos en ligne ??".

 

Et il y a quelques mois, dans un resto je suis tombé sur un bac de vinyles de toutes époques (certains remontant aux années 60), que l'on pouvait regarder et demander au patron d'en passer un (ou presque : en fait il les avait numérisés, et il passait les mp3). Et là j'ai compris ce qui me manquait : l'objet disque, ses illustrations de pochette, les textes imprimés (paroles et autres), et l'histoire attachée. Il y avait probablement là-dedans des raretés (aujourd'hui) jamais rééditées telles quelles en CD. Ca m'a rappelé quand j'allais acheter un vinyle. J'y pensais des jours ou des semaines avant, et pendant tout le trajet de retour en tram je dévorais la pochette des yeux en attendant de pouvoir -enfin- écouter le disque (et je faisais une copie K7 à la première écoute). Ensuite je l'écoutais 250 fois dans les jours qui suivaient. Bref, c'était un petit évènement.

 

Bon, ce n'est en fait pas pour autant que je vais me remettre aux vinyles. C'est un support techniquement obsolète plein de compromis sur le son, et le revival actuel ne durera pas. Mais ce revival est quand même quelque part une réaction je pense à quelque chose qui manque dans la musique dématérialisée. Je me suis bien sûr dit que je tournais peut-être vieux con et que je donnais dans le "c'était mieux avant". Mais en fait pas forcément : quand elles aiment vraiment quelque chose, mes filles achètent le CD ("c'est quand même plus stylé d'avoir le CD", m'a dit la grande) !

 

Qu'en conclure ? Je ne sais pas si j'achèterai à nouveau du dématérialisé. Le streaming me convient bien pour l'écoute tout-venante, et pour les trucs qui me tiennent à coeur ben je vais continuer avec les CD. Du moins tant qu'il s'en fabrique.

[Invité pim]

Corollaire : quel domaine a autant changé que celui de l'édition musicale en quarante ans ? (ne me répondez pas que c'est celui de la fabrication des montres !).

[Baraka]

@ Pim 

 

Les supports vidéo

 

@ Pehache

 

O tempora, o mores, comme dirait l'autre. Cela étant, tu touches selon moi un point très sensible : la musique en tant qu'objet. Forcément, lorsque tout est disponible immédiatement, au moindre clic, on ne le fait jamais sien. Pas entièrement, du moins. D'où aussi peut-être l'engouement pour les appareils qui permettent de l'écouter. Ce qui est marrant dans ce que dit ta fille, c'est que ça contredit directement l'argument facile : le saut d'une génération. 

[Invité LolYangccool]

J'ai la solution pour pehache !

 

Tu continues de télécharger comme un goret mais tu graves les albums que tu préfères, imprimes les pochettes d'albums et tu mets ça dans la boite d'un CD.

[Invité pim]

Faut aussi planquer le CD à 50 km et prévoir de passer un samedi après midi entier à aller chercher ça, sans oublier de « perdre » un billet de 100 Francs au passage !

[pipoca]

Corollaire : quel domaine a autant changé que celui de l'édition musicale en quarante ans ?

 

La fabrication des montres ?

[Invité LolYangccool]

 

Corollaire : quel domaine a autant changé que celui de l'édition musicale en quarante ans ?

 

La fabrication des montres ?

 

Non, le nombre de panda sur Terre ! Il baisse, et il va bientôt y en avoir encore un de moins.

[Invité Ewilan]

Corollaire : quel domaine a autant changé que celui de l'édition musicale en quarante ans ? (ne me répondez pas que c'est celui de la fabrication des montres !).

Et peu après : 

 

Corollaire : quel domaine a autant changé que celui de l'édition musicale en quarante ans ?

La fabrication des montres ?

[pipoca]

Panda's joke !

[The Hoff]

Je fais la même expérience sur les livres. La dématérialisation a apporté des avantages considérables : prix (les oeuvres tombées dans le domaine public sont même gratuites), confort de lecture (on peut passer en un clin d'oeil du texte aux notes de fin de chapitre), pas d'usure des supports, ça tient dans la poche, on peut télécharger à toute heure du jour et de la nuit...

 

Mais finalement, je me rends compte que certaines choses me manquent, auxquelles je ne pensais pourtant pas être attachées : plaisir de regarder une belle couverture, tourner les pages, l'odeur du papier... et surtout, surtout, le fait de ne plus pouvoir partager et prêter/emprunter (à moins que j'aie raté un truc dans ibooks).

[pipoca]

Je fais la même expérience sur les livres. La dématérialisation a apporté des avantages considérables : prix (les oeuvres tombées dans le domaine public sont même gratuites), confort de lecture (on peut passer en un clin d'oeil du texte aux notes de fin de chapitre), pas d'usure des supports, ça tient dans la poche, on peut télécharger à toute heure du jour et de la nuit...

 

Mais finalement, je me rends compte que certaines choses me manquent, auxquelles je ne pensais pourtant pas être attachées : plaisir de regarder une belle couverture, tourner les pages, l'odeur du papier... et surtout, surtout, le fait de ne plus pouvoir partager et prêter/emprunter (à moins que j'aie raté un truc dans ibooks).

 

oui ! Je pense que c'est encore plus frappant avec livres qu'avec les disques...

[Invité pim]

Pour les livres, il y a aussi le côté pratique : quand on cherche quelque chose dans un bouquin on peut être bien plus efficace et pertinent que Spotlight, simplement en tournant les pages !!!

[Baraka]

Pour avoir bouffé du livre au kilomètre tout au long de ma vie, je suis au contraire un enthousiaste du support dématérialisé. Il n'y a pas photo : 

 

- NETTEMENT moins cher (surtout pour les livres en langue originale, dont la livraison peut être onéreuse, sans même parler des prix en librairie)

- beaucoup plus facile d'accès dès qu'il s'agit de trouver une édition et/ou une traduction précise (surtout dans le cas des ouvrages édités par des américains qui n'ont pas, eux, 50 ans de retard et une barrière idéologique infranchissable) 

- léger (ben oui, en voyage, emmener la douzaine de livres qui va bien, c'est vite lourd)

- multi-supports (entre iBooks et l'application Kindle, on peut oublier sa liseuse que ce n'est pas grave) 

- permet d'annoter, surligner, partager, sans abîmer le support 

- etc

 

La nostalgie du beau livre et de l'odeur de papier est là mais il faut se rendre à l'évidence : le livre papier, c'est fini. Et c'est peut-être pas plus mal au vu de la surconsommation mondiale de bois et de la déforestation qui va avec (c'est loin d'être le seul problème, nous sommes d'accord). Oh, on ira toujours chez le bon libraire acheter quelques livres anciens / rares / photo et pour avoir des conseil, en discuter, comme on va chez le disquaire spécialisé. Les avantages du livre numérique sont néanmoins si importants que le livre papier ne peut guère survivre à la comparaison. 

[The Hoff]

L'aspect esthétique et physique est secondaire je suis d'accord. Ce qui me gêne le plus, comme je l'ai écrit, c'est surtout qu'en réalité, on n'est pas vraiment propriétaire du support dématérialisé, dans le sens où on ne peut pas faire complètement ce qu'on en veut (puisque rattaché à un compte individuel, mais peut être qu'il existe des possibilités que je ne connais pas).

 

On ne peut pas le prêter donc, ce qui est particulièrement dommage avec ses enfants.

 

Quant à l'argument écologique, il me paraît très discutable car le coût énergétique de la dématérialisation est loin d'être négligeable.

[Invité pim]

Pour le prêt on peut faire cela dans le cadre familial, avec un seul compte et des comptes affiliés. C'est pas vraiment fait pour partager avec des amis en revanche.

[Luc]

Pour rien au monde je ne vais lâcher cette bibliothèque, parce que ma voiture marche encore au lecteur CD 

 

[Invité Ewilan]

Autant en ce qui concerne la musique je suis convaincu que la dématérialisation apporte beaucoup de bonnes choses (ben oui, sans ordi, pas de JoC, Aly & Fila, Manuel Le Saux, ...), autant pour les livres je ne suis pas convaincu. Je trouve que lire un livre sur une tablette est bien moins confortable, entre autres.

Pourtant, je ne dis pas qu'il faut abandonner les supports CD ! A mon avis, les deux devraient continuer d'exister. Mais on sait très bien ce qu'il finira par se passer...

[Baraka]

@ Djeos

 

On parle de liseuse, pas de tablette qui, effectivement, n'est pas le meilleur appareil qui soit pour la lecture

[Invité Ewilan]

@ Djeos

 

On parle de liseuse, pas de tablette qui, effectivement, n'est pas le meilleur appareil qui soit pour la lecture

C'est un peu mieux qu'une tablette, en effet, mais j'en ai testé une il y a quelques temps, et je préfère largement les livres papier.

[Baraka]

La nostalgie de la sensation entre les doigts, de l'odeur du livre, de l'objet en tant que tel se comprennent facilement.... Mais niveau confort de lecture, je trouve franchement qu'il n'y a pas de différence ou plutôt, que la différence penche dans le sens des liseuses, où on peut adapter la police et sa taille en fonction des besoins. En plus des possibilités d'annotation, du dictionnaire intégré etc. 

Pour lire franchement beaucoup, selon moi, il n'y a pas photo. 

[pehache]

Il incontestable que la dématérialisation a plein d'avantages. Mais la perte de l'objet physique entraîne une autre perte qu'il est difficile de décrire.

 

Si j'allais chez Luc je commencerais à fouiner dans sa discothèque, sortir des boîtiers, en ouvrir pour voir les livrets, etc... Ca initierait une discussion sur certains CD, on échangerait des points de vue, si on se trouvait des goûts communs on se dirait que vraiment on a bien raison d'écouter ce qu'on écoute, tout ça... Si j'allais chez lui et que tout était sur son disque dur, ben on parlerait sûrement d'autre chose.

 

Pareil avec les livres. Qui n'a jamais prêté un livre en disant "lis ça, ça parle de ceci cela, je suis sûr que ça va te plaire.". Et quand tu as chez toi le livre de quelqu'un, tu n'as pas juste une suite de caractères, tu as un petit bout de ce quelqu'un dans le livre.

[Luc]

Je trouve que ce côté nostalgique est encore plus accentué avec les vinyles (même si je suis né bien après, mais c'est ce que je constate avec mes parents et leurs potes).