Le réquisitoire de Craig Federighi contre le sideloading


Apple est contre le sideloading, qui consiste à donner aux utilisateurs la possibilité d'installer des applications en dehors du circuit bien balisé de l'App Store. Tim Cook s'était déjà exprimé sur le sujet en juin dernier pour justifier son opposition à une proposition de loi européenne qui forcerait Apple à ouvrir iOS à cette alternative. Cette semaine, c'était au tour de Craig Federighi de s'y coller, cette fois au Web Summit qui se tient actuellement à Lisbonne.

Le vice-président senior de l'ingénierie logicielle d'Apple a livré un long réquisitoire à l'encontre du sideloading. S'il juge positif l'esprit du Digital Markets Act qui vise à promouvoir la concurrence et le choix des utilisateurs, il présente les App Stores alternatifs comme un retour en arrière en terme de sécurité. « En tant qu'ingénieur qui veut que l'iPhone reste aussi sûr que possible pour nos utilisateurs, il y a une partie de la loi qui m'inquiète, et c'est la clause qui obligerait l'iPhone à autoriser le sideloading. »


Sideloading Craig Federighi Web Summit

« Le sideloading est meilleur ami des criminels »



Craig Federighi a notamment argué que le nombre de malwares présents sur iOS était considérablement moins élevé que sur les autres plateformes, ce qu'il attribue à la vérification manuelle des applications disponibles sur l'App Store. Pour expliquer son point de vue, il a pris l'exemple d'une maison équipée d'un système de sécurité très performant, empêchant tout cambriolage alors que le voisinage ne cesse d'en être victime : « mais soudain, une nouvelle loi est adoptée et dans un objectif louable d'optimiser les livraisons de colis, votre ville force tout le monde à créer une porte de derrière toujours ouverte au rez-de-chaussée ».

Craig Federighi a aussi donné des arguments pour répondre à ceux qui suggèrent de donner le choix aux utilisateurs. « Même s'ils n'ont pas l'intention de faire du sideloading, les gens sont régulièrement contraints ou dupés sur le sujet », donnant l'exemple d'un faux site web se faisant passer pour un organisme officiel pour pousser le public à télécharger une app malveillante.


(À partir de 7:31:20)



Apple envisage le départ de certains éditeurs ne voulant se soumettre aux exigences de l'App Store, notamment en matière de respect de la vie privée : « vous allez sur l'App Store officiel et vous cherchez l'app d'un réseau social que vos amis utilisent, mais elle n'est pas là parce que certains éditeurs vont certainement vouloir éviter les mesures de protection pénibles de l'App Store et ne distribueront leurs apps que par le biais du sideloading ». Beaucoup d'utilisateurs seraient alors tentés par le sideloading pour de mauvaises raisons, avec les risques que cela comporte pour eux... et pour les autres : « un seul appareil compromis peut représenter une menace pour un réseau complet », des entreprises aux gouvernements.

Pour Apple, le sideloading est donc une boîte de Pandore à ne pas ouvrir. À ceux qui rétorqueraient que c'est une pratique généralisée sur le Mac et que cela ne pose pas de problème particulier, Craig Federighi avait déjà développé son argumentaire sur le sujet en mai dernier, jugeant alors le niveau de logiciels malveillants sur Mac trop élevé... mais tout de même plus acceptable car le contexte est différent. Question métaphore, il n'était alors pas question de maison mais de voiture : « Vous pouvez conduire hors de la route si vous le voulez. Et cela implique qu'en tant que conducteur, vous devez être entraîné, vous avez un niveau de responsabilité, mais c'est précisément ce que vous avez voulu acheter. » L'iPhone, lui, doit pouvoir être utilisé en toute sécurité par des enfants.
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Vos réactions (5)

Sethenès

5 novembre 2021 à 15:14

Combien de bonnes idées ne se sont pas fracassées parce que certains en ont abusé ?

Pour n'en citer qu'une, les "macros" dans les tableurs ou les traitements de texte que certains ont détournés pour en faire des chevaux de Troie, ce qui oblige aujourd'hui faire toute une manip pour lancer la macro.

Ici, c'est Apple elle même, qui en abusant de "sa" bonne idée, a pris le risque que les autorités s'en mêle. Il est un peu tard pour crier au loup, d'autant plus que tant que personne n'y met bon ordre, les abus continuent. La peur du gendarme (et l'action en justice) les a amené à faire de timide concession mais il en faut plus, beaucoup plus !

d@n

5 novembre 2021 à 16:33

Ils ont surtout pas envie de déployer de nouveaux outils pour la mise en application d'App Store concurrent. Pourquoi bosser sur un truc qui ne leur apportera aucun revenu?

VanZoo

5 novembre 2021 à 16:39

Apple défend son commerce mais défend aussi la simplicité et cohérence d'usage comme la sécurité. Si ces deux éléments sont fragilisés, Apple y perdrait bien plus sur la durée que sa commission sur les Apps.

LoTsey

6 novembre 2021 à 03:23

Moi je suis pour que l’on puisse télécharger les app directement sur son tel comme on le fait sur mac. Il faut éduquer et responsabiliser les gens c’est tout.

clive-guilde

6 novembre 2021 à 09:40

Peut avoir un mode expert accessible avec des manips complexe pour activer le sideloading en toute connaissance de cause. ???

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