iPad : Apple revient à sa place

« La part de marché d'Apple est plus élevée que celle de BMW, Mercedes ou Porsche sur le marché de l'automobile. Qu'est-ce qui ne va pas avec BMW ou Mercedes ? » Steve Jobs aimait comparer sa société à certains fabricants de voitures allemandes, qui n'ont certes pas de grosses parts de marché, mais qui dégagent de substantiels bénéfices tout en produisant sans conteste les meilleurs modèles du monde. Il ne s'agissait bien sûr que d'une habile stratégie de communication à l'heure ou le Mac pointait à 2% de parts de marché. Mais depuis, Apple a su nous prouver qu'elle pouvait aussi s'intéresser aux parts de marché de Volkswagen : le Mac atteint désormais plus de 12% de parts de marché aux États-Unis, l'iPhone compte pour 10% du marché mondial des téléphones, et surtout, l'iPad représente 39,6% du marché mondial des tablettes. Plutôt sympathique pour une société donnée pour morte il y a quinze ans.

Mais l'iPad, malgré des chiffres en apparence encourageants, s'effondre complètement, selon les chiffres glanés par IDC. 39,6% du marché, c'est plus qu'honorable, se dira-t-on ! Mais l'année dernière, la même tablette s'arrogeait 58,2% du marché. Et en 2011, l'iPad dépassait 80% ! Eine grosse Katastrophe.




Seulement, Apple fait ce qu'elle a l'habitude de faire et qu'elle fait très bien : des produits haut de gamme à forte valeur ajoutée. Pour enrayer le déclin des parts de marché de l'iPad, Apple a dévoilé l'iPad mini, qui rencontre d'ailleurs un fort succès. Mais l'iPad mini n'est pas une tablette à bas coût : il s'agit d'une tablette haut de gamme d'entrée de gamme, avec un écran plus petit et sans résolution Retina (voir dépêche : Un iPad mini frustrant mais excellent). Malgré son prix bien plus attractif que celui de l'iPad, l'iPad mini est certainement une des tablettes les plus chères du marché par rapport à ses caractéristiques !




Dans cette stratégie, les parts de marchés n'importent au final qu'assez peu. Et il serait difficile de donner tort à Apple : malgré des parts de marché relativement modestes, Cupertino récupérait l'été dernier 77% des profits de l'industrie mondiale des téléphones et des tablettes ! Un chiffre à peine croyable.

Bien sûr, il serait extrêmement dommageable pour Apple que ses parts de marché s'érodent au delà d'un certain point. En effet, une des grandes richesses des appareils iOS réside dans son catalogue d'applications, qui est sans doute le plus complet du marché, et le grand succès de l'App Store n'est possible qu'en présence d'une très large base d'utilisateurs. On attend donc beaucoup de la présentation d'iOS 7, le futur système d'exploitation de l'iPhone et de l'iPad, lors de la WWDC 2013 (voir dépêche : La WWDC 2013 se tiendra le 10 juin).

Il n'y a cependant pas à s'inquiéter de la baisse des parts de marché des appareils mobiles d'Apple, baisse qui est tout à fait normale. Apple a été la première à entrer agressivement dans le marché des tablettes électroniques, et il était ainsi évident que ses parts de marché allaient être outrageusement élevées au début de la commercialisation de l'iPad. Depuis, les fabricants concurrents se sont organisés, et offrent comme pour le Mac ou l'iPhone des alternatives sérieuses et moins onéreuses, ce qui conduit une partie des utilisateurs à choisir ces dernières. Avec l'iPad mini, Apple limite la casse, mais au prix de marges moins élevées (voir dépêche : Pas de nouveau produit avant l'automne ?). S'attaquer au marché du moyen et du bas de gamme serait-il une bonne stratégie pour Apple, au risque de baisser ses marges, de dégrader son image de marge et de cannibaliser ses propres produits ? Au vu des bénéfices exorbitants du groupe californien, rien n'est moins sûr.

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