Office sur iPad, une balle dans le pied pour Microsoft ?


Ce n'est un secret pour personne : les tablettes Surface de Microsoft ont été un relatif échec commercial. Pas découragé pour autant, Microsoft a dévoilé il y a deux semaines deux nouvelles tablettes : la Surface 2 et la Surface Pro 2. La Surface 2 est une tablette "classique", avec un écran de 10,6" et une définition de 1 920 x 1 080 pixels, qui est livrée avec la suite Office RT pré-installée. Avec 32 Go de stockage et 200 Go disponibles sur SkyDrive (le service de stockage en ligne de Microsoft) pendant deux ans, la tablette coûte 439 €, soit 80 € de moins que l'iPad 4 et ses 16 Go de mémoire flash. La Surface Pro 2, elle, est un véritable ordinateur sous forme de tablette, avec un processeur Core i5 Haswell, 4 Go de mémoire vive au minimum et Windows 8.1, à partir de 879 € pour 64 Go de stockage et 200 Go sur SkyDrive. Office, en revanche, n'est pas intégré.




Nous allons ici nous intéresser à la Surface 2, la tablette qui est directement concurrente de l'iPad d'Apple. Nous l'avons vu, la Surface 2 est moins chère que la tablette pommée, et ses caractéristiques sont plutôt alléchantes, même s'il faudra la comparer avec l'iPad 5 une fois que celui-ci sera sorti (voir dépêche : Un Special Event le 22 octobre ?). Si nous exclurons rapidement la question de la capacité qui est finalement assez comparable à celle de l'iPad, tellement les systèmes et logiciels installés par Microsoft pèsent lourd (la version 32 Go dispose de seulement 15 Go d'espace disque disponible, soit à peu près 1 Go de plus que l'iPad 16 Go...), nous allons nous attarder sur ce qui fait vraiment la différence entre deux tablettes : le catalogue de logiciels.

Et là, Microsoft a un avantage. Si si si ! Apple dispose d'un App Store bien plus complet avec un nombre incroyable d'applications de qualité. Mais Microsoft possède le Graal : Microsoft Office. La suite bureautique du géant est incontournable dans le monde professionnel, et l'immense majorité des particuliers ne veut pas entendre parler d'OpenOffice, LibreOffice ou même iWork. Avec Office installé d'office, la Surface prend un avantage sérieux.

Apple l'a d'ailleurs bien compris : les logiciels de bureautique sont extrêmement importants sur les tablettes. C'est donc naturellement que la suite iWork est récemment devenue gratuite sur iPhone et iPad, en tout cas pour les appareils activés après le 1er septembre 2013 (voir dépêche : iWork et iLife gratuits sur iOS ? Oui et non !). Microsoft a donc décidé de réagir, et vient donc d'annoncer le développement d'une version d'Office pour iPad.




La date de sortie n'est pas connue, en dehors de la promesse que les tablettes de Microsoft auront droit à une version particulièrement pensée pour l'interaction au doigt avant celles d'Apple, et le positionnement tarifaire est également un mystère. Mais la bombe est lâchée : Office sera bien disponible sur l'iPad dans un futur relativement proche. Alors que la Surface ne jouit toujours que de 2% de parts de marché, on comprend bien l'intérêt financier que représentent les tablettes concurrentes pour Microsoft. Mais le faiblard catalogue d'applications de la Surface perdra alors son seul avantage sur l'iPad et les tablettes Android, ce qui n'aidera pas la tablette de Microsoft à remonter la pente. Microsoft, aveuglé par une perspective de profits immédiats, serait-il en train de se tirer une balle dans le pied ? Les utilisateurs d'iPad, en tout cas, seront ravis.
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Vos réactions (13)

Baraka

10 octobre 2013 à 15:12

L'immense majorité des particuliers (ou des entreprises) ne voudrait pas entendre parler des LibreOffice, feu OpenOffice etc ? Je ne suis pas du tout d'accord : autant, il y a quelques années, utiliser autre chose que MS Office faisait de vous un ovni, autant la majorité de mon entourage au sens large utilise aujourd'hui LibreOffice.
Ce portage est une bonne nouvelle, mais il arrive tard. iWork est déjà bien implantée parmi les utilisateurs d'iOS, et de nombreuses solutions complémentaires, plus légères, existent. Microsoft aura à se battre contre l'arrivée annoncée de LibreOffice pour iPhone/iPad. Vu qu'il n'est pas de coutume, à Redmond, de brader la suite bureautique, il faudra frapper fort, très fort, pour s'imposer. Le pari est risqué pour Microsoft, après tant de paris perdus.

pehache

10 octobre 2013 à 17:20

Je constate au contraire qu'il y a toujours une proportion énorme d'utilisateurs lambda qui achète ou pirate Office sans réfléchir, alors que LibreOffice leur conviendrait très bien. Et du côté des entreprises Office est tout simplement incontournable.

Sethenès

10 octobre 2013 à 19:10

Pour ma part, j'analyse le problème différemment.

MS vit depuis le début avec une logique de licence. En d'autres termes, tous les 3 ans MS est obligé de sortir une nouvelle version de chacun de ses softwares.

Dans le monde pro, il existe la licence Enterprise. Il s'agit d'une location trimestrielle qui permet l'upg/downgrade de Windows client vers n'importe quelle version, Office (version au choix), etc.

Dans le monde des particuliers et des petits structures, Office avec ses upgrades était impayable mais depuis peu, MS a sorti Office 365. Pour 99 Euros on peut installer (dans un même foyer) : 5 licences Office sur PC/Mac et 5 licences Office sur Tablette !!! En plus, comme c'est une location, on peut toujours télécharger la dernière version.

Si une version iPad voit le jour, il faudra Office 365 pour l'installer. Ca, c'est sûr.

Il y a un autre élément, c'est la base installée. MS arrive alors que tout le marché des tablettes est déjà bien fourni. Qui va abandonner sa tablette préférée pour une autre, juste parce qu'il y a Office dessus. Evidemment, au moment d'acheter la 1ère tablette, ça peut jouer mais après ?

J'ajouterai deux éléments rapides : il y a clairement une place à prendre et quand je vois le viewer de fichiers Office intégré dans certaines App, MS avait peut être intérêt à réagir. Et c'est sans la proportion d'utilisateur iPad qui achètent leurs licences comparé à ceux sur d'autres plateformes ...

Baraka

10 octobre 2013 à 21:08

100€ la suite bureautique en location, c'est très cher payé pour ce que c'est... Peut-être est-ce une différence d'âge, mais vraiment, de moins en moins de ceux que je côtoie utilisent et, a fortiori, installent Microsoft Office, que ce soit dans le milieu universitaire, professionnel (organisme de service public) ou tout simplement le premier quidam venu.

pehache

10 octobre 2013 à 21:39

Baraka, la division software de MS, dont Windows et Office sont les fers de lance, est de loin la plus profitable de MS, c'est bien parce que beaucoup de monde achète.

Dans le milieu universitaire je ne ne sais pas trop, mais une entreprise peut difficilement se permettre de faire l'impasse sur Office, souvent parce qu'elle échange des documents avec d'autres entreprises qui l'utilisent. Tu peux te permettre d'imposer tes formats de fichiers à un fournisseur, beaucoup moins à un client. L'effet réseau joue à fond.

Quant au premier quidam, ben franchement il suffit de regarder la proportion de pièces jointes dans les mails qui sont des fichiers Office...

Sethenès

10 octobre 2013 à 21:51

100 Euros par an, oui mais pour 10 appareils. Pour ma part j'ai :
- 1 portable (Windows) : 1 licence
- 1 Mac avec dual boot (MacOS + WinOS) : 2 licences

Et déjà comme ça, je ne regrette pas ma licence Office 365. Si office sort pour mon iPad, je serai vraiment satisfait.

J'ajoute encore un élément. Avec Office 365, vient évidemment un espace sur le Cloud de ... Microsoft !

Salaze

11 octobre 2013 à 07:42

Pour le milieu universitaire je confirme ce que dit Baraka : pour un des principaux labo de géographie oeuvrant sur modélisations et fractales, notamment pour les paysages et les déplacements, quasiment tout est Apple, de la cave au grenier !

Sinon petit miracle ce matin : non seulement les 5s et 5c sortiront à la Réunion, mais dans moins de deux semaines ! Mi tomb katapièr !

pehache

11 octobre 2013 à 09:27

@Salaze : la discussion ne porte pas sur le matériel, mais sur le logiciel, et particulièrement MS Office. Qui soit-dit en passant est dispo sur Mac. De toutes façons ce n'est pas à partir d'un exemple qu'on tire une règle : Apple est sans doute un peu plus présent dans le monde acamédique qu'ailleurs, mais reste nettement minoritaire.

pehache

11 octobre 2013 à 09:29

Sinon, par rapport à ce dis Sethenes, il est en effet fort probable, sinon certain, que MS Office sur iOS soit le même que ce qui est prévu pour Android : l'appli ne sera pas autonome mais nécessitera un abonnement Office 365.

Baraka

11 octobre 2013 à 13:03

Combien des fichiers .doc envoyés sont réellement créés sous MS Office plutôt que LibreOffice, Google Docs ou même iWork ?
De toute manière, Office, à l'instar de Windows, perd largement en vitesse. Ce n'est pas un mauvais produit mais c'est un produit cher : je ne pense pas qu'une version d'Office nécessitant un abonnement vienne sauver la suite bureautique du déclin.

pehache

11 octobre 2013 à 14:09

"Combien des fichiers .doc envoyés sont réellement créés sous MS Office plutôt que LibreOffice, Google Docs ou même iWork ? "

--> sûrement assez peu : les utilisateurs lambda enregistrent et envoient dans le format natif des applis qu'ils utilisent, les utilisateurs avertis enregistrent et envoient en PDF.

pehache

11 octobre 2013 à 14:35

Il arrive à MS office la même chose qui arrive à Windows : après être passé par une phase de quasi-monopole de fait (plus de 90% de pdm), ces deux produits ont aujourd'hui en face d'eux des alternatives assez convaincantes pour certains usages. Il est donc normal que leurs pdm baissent un peu, ce qui ne veut pas dire qu'ils soient dépassés, condamnés, ou je ne sais quoi.

Sethenès

11 octobre 2013 à 19:00

Je pense qu'il suffit de regarder les offres d'emplois pour le secteur privé. S'il est fait mention de connaissances dans des outils bureautique, c'est d'office d'Office dont il est question.

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